Bulletin de la Ligue Française pour la Défense des Animaux n° 49 – février 2006

Les Bougons (récit)
La Bartavelle éditeur, 2002

Ce livre fort divertissant est un récit à la première personne fait par une chienne, Sophie. “Les bougons”, ce sont les maîtres et, par extension, tous les êtres humains, que Sophie observe avec sympathie et étonnement. Car, bien sûr, elle aime ses maîtres : “dans leur monde, j’ai tout à gagner. Ils disent ‘une vie de chien’ ; ils sont fous, chez eux c’est le paradis” (p.9). Mais, en même temps, notre héroïne est interloquée par le comportement des hommes : “Bougon et Bougonne, ils n’arrêtent pas de se plaindre…Jamais satisfaits…” (p.15). On l’aura compris : le récit est prétexte à une fable où notre quotidien et nos travers sont analysés par un œil critique et amusé. Notre monde, c’est celui du métro-boulot-dodo, celui des week-ends trop courts (“Ils ont à peine le temps de se remettre sur leurs pattes que le week-end est terminé”, p.17), celui des patrons et de leurs “esclaves”, celui des grèves et des vacances…Outre le chat qui partage son logis, Sophie a l’occasion de vivre avec une tortue, des poissons, un lapin nain, un autre chien : “je l’aime d’un grand amour fraternel…moi aussi il m’aime et me protège” (p.80). Quand les maîtres déménagent à la campagne, Sophie peut comparer les modes de vie citadins et rustiques. Cela permet quelques envolées poétiques : “…la nuit tombait, les pins se balançaient, ça sentait bon le thym et les œillets sauvages” (p.34). Ou encore : “on a fait fleurir des aubépines, on a assisté à des envols de mouettes” (p.90). Le livre se termine par des conseils de Sophie (la sage ?), philosophe à quatre pattes, aux bipèdes qui l’entourent : “Osez. Maître mot” (p.103)…“Occupez-vous des autres” (p.104)…“Réveillez-vous. Vivre comme les taupes, c’est de l’ancien temps, ce n’est plus de mise” (p.105).

Georges Friedenkraft