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LE QUOTIDIEN DE PARIS (10 mars 1987)

Le bref récit autobiographique servant de longue introduction à quelques poèmes de Keith Barnes traduits par François Legros et Jacqueline Starer a la vivacité et le rythme d'une nouvelle. Mort à 35 ans en 1969, Keith Barnes a laissé un œuvre forte, inspirée souvent par les problèmes les plus douloureux de notre époque. Il n'est pas très connu et Jacqueline Starer s'est attachée à faire revivre cette personnalité séduisante et un peu rude, dont le parcours trop bref rappelle celui des poètes maudits du début du siècle. Une histoire d'amour, une passion même, vécue à Paris, en Amérique, en Israël, pendant les événements de mai 68 aussi, c'est cela qui nous permet de mieux comprendre les raisons d'une telle volonté d'expression poétique, tout en suivant l'existece d'un couple d'intellectuels jeune et sympathique. Jacqueline Starer a un style direct, incisif, sans complications. Ses courtes phrases suffisent à évoquer avec tout le relief souhaitable l'université de Berkeley, le quartier des Halles dans les années soixante et un mode de vie un peu bohème et terriblement attrayant. Nous sommes piqués au vif, immédiatement concernés, préparés de la manière la plus percutante à entrer dans l'univers poétique des dernières pages.

Gérard MANNONI