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Le Journal des Poètes n°2 avril / mai / juin 2004

Organe officiel de la Maison Internationale de la Poésie (Bruxelles)

L’OEUVRE POÉTIQUE COMPLÈTE DE K. BARNES AUX ÉDITIONS D’ÉCARTS

Il faut saluer le travail remarquable de traduction accompli par Jacqueline Starer. Compagne du poète jusqu'à la disparition de celui-ci, elle partagea avec lui ses moments d'écriture, il lui donnait à lire ses poèmes qu'ils commentaient ensemble, elle lui offrit une présence attentive et fidèle qui débarrassa le poète de tout souci pour lui permettre de se consacrer entièrement à sa plume. Et surtout, leur proximité de pensée, leur sensibilité commune à tous les silences qui dans l'écriture poétique font sens autant que les mots, lui ont donné le grand pouvoir de savoir traduire, dans une langue différente de celle de l'auteur, ce que celui-ci souhaitait exprimer au-delà même des mots. Rien n'est plus difficile à traduire que la poésie. Au plus près de la langue anglaise, de l'impalpable impression transmise par les tournures idiomatiques, de l'écriture souvent syncopée – dans l'acception musicale du terme, car Keith Barnes fut également un musicien de talent – elle parvient à rendre avec émotion, justesse et précision, dans un français fluide et élégant, ce que l'on comprend intuitivement, tant chaque langue porte par sa propre expression une manière différente de penser. Car c'est le tour de force de cet ouvrage de présenter des textes extraordinaires aussi bien en anglais qu'en français. Le poète, qui avait fait en quelque sorte de Jacqueline Starer son héritière littéraire, lui avait laissé toute latitude pour traduire ses pièces poétiques, et si la traductrice use librement de cette autorisation, elle n'en abuse pas. Et le résultat est là.

Keith Barnes publia de son vivant trois recueils de poésies ; ces textes, qui ne sont pas cités dans l'ordre chronologique, acquièrent, grâce à leur regroupement thématique, une force nouvelle, cette présentation permettant de découvrir la progression de l'écriture, l'évolution des thèmes d'inspiration et de leur traitement poétique chez Keith Barnes, une maturité prometteuse, que la mort vint interrompre trot tôt.

Le public du Café littéraire de Metz ne s'y est pas trompé, qui a reconnu dans ce poète jusqu'alors inconnu de lui, et dans les traductions de Jacqueline Starer, le talent.

Marie-Hélène FANTON d’ ANDON
animatrice du Café littéraire de Metz